J'ai peu, ou pas connu mes grands-parents Pas par manque de temps Ils n'avaient que ça. Sauf peut-être mon grand-père. Il a bossé toute sa vie le pauvre hère. Il travaillait à faire du froid et chaque fois, Il lui manquait un bout de doigt. En visite, un "Bonjour, monsieur" te reçoit Désolé si les liens du sang ne se voient pas Ça aurait pu te convaincre de venir plus Au lieu de ça tu n'es plus venu Toujours mieux que grand-mère qui ne voyait Que sa fille quand on y allait Elle était tellement alcoolo Elle était si rouge c'en était rigolo Son nom est déjà oublié. J'ai rien d'autre à son sujet. J'ai tellement peu franchi sa porte Avant que le cancer l'emporte L'autre mamie a au moins gagné un surnom Elle, j'ai jamais vu sa maison. Elle venait en visite, avec des cadeaux Ce que j'ai eu de plus proche d'une mémé gâteau On ne te tenait pas rigueur pour tes yeux de hamster Mais je ne pardonne pas ta langue de vipère A chaque passage, tu blessais Papa Il n'y pas de cadeau qui peut racheter ça Peut-être que tu n'es qu'une création De ta propre génitrice et son aliénation C'était un monstre qui ne disait pas son nom. À être son enfant, on pourrait préférer l'abandon. Elle était tellement professionnelle Cuisinière, c'est par déformation Qu'elle a coupé toutes les ailes Et détruit ses pauvres rejetons. Celui que j'ai le moins connu ironiquement C'est le plus connu de mes grands-parents Son nom ne vous dirait rien maintenant Sa tombe est plus vieille que moi de douze ans T'était malin, talentueux, cultivé T'aurais pu être mon meilleur pépé Pas que la barre soit très haut, vous savez Mais t'as fait le con et t'as déménagé Au cimetière, j'y suis jamais allé C'est pas comme si les pierres pouvaient parler. J'ai plus de grand parents Mais ce que je regrette le plus C'est ceux que je n'ai jamais eu.