Merle avec un sens de l'humour. Une fois n'est pas coutume, je vais raconter une anecdote. Je ne sais plus pourquoi, je rentrais là où j'habitais à l'époque, en passant par les rives de la rivière locale. C'était dernier affluent avant un fleuve, un large court d'eau, suffisamment large pour que le traverser, même sur le seul pont du village, soit assez long pour s'ennuyer, mais assez étroit pour qu'on distingue très clairement ce qui se passe d'une rive à l'autre. Donc, je longeais le cours d'eau quand j'entendis un chant d'oiseau dans les branchages de l'autre côté. J'avais encore de bons yeux, qui m'ont permis de voir une petite masse noire sur une des branches, un merle ordinaire. Je le regardais quelques instants avant de remarquer autre chose : un chat juste en bas de l'arbre. Le chat d'un orange vif était tellement visible dans la végétation qu'il était en fait difficile de le rater. Je me suis arrêté, j'ai regardé. Je ne sais plus exactement ce qui m'animait, de l'inquiétude pour le volatile ou de l'excitation à l'idée de voir peut-être une scène de vie sauvage de mes propres yeux. Et un peu à ma surprise je l'avoue, j'ai vu le merle changer de branche, quasiment aussitôt que le chat avait fini de poser une patte sur le tronc de l'arbre sur lequel il était perché. Se trouvant étonnamment une place dans les branchages de l'arbre juste en aval, plutôt que le plus loin possible, il a chanté un coup avant de s'immobiliser. J'en était certain il avait vu le prédateur et loin de s'enfuir, il s'en moquait. Le bruit qui m'avait fait tourner la tête était le même que celui que je venais d'entendre et sitôt le chat plus proche, il recommença son manège. Encore et encore, le merle changeait de branche, chantait et attendait patiemment que le chat aie daigné se déplacer jusqu'à lui pour le planter sur place et partir cinq mètres plus loin. Même quand un second chat, gris tigré, se joint au manège, rien ne changea en somme. Et je le regardais mener à la baguette les deux félins, en se moquant probablement d'eux à chaque fois. Ce bout de rive bordé d'arbres était long, très long, bien six ou sept cent mètres et il les a promenés tout du long, jusqu'au pont coupant la succession des arbres. N'ayant ensuite nulle part ou aller pour continuer son petit jeu sans faire demi-tour, il s'est envolé pour ne plus revenir. Je vous assure qu'à leur manière, les animaux aussi, savent rigoler.